Wednesday, October 29, 2008

La Krise, suite

Bon j'ai pas dit grand chose. mais parce que j'avais pas grand chose à dire.

Maintenant, un peu plus.

D'abord, il y a les prestataires qui s'en vont, à mon boulot. Par poignées. Encore plus vite que mes cheveux, si c'est possible. Et qui au passage en profitent pour se lâcher en matière de drague professionnelle (mais c'est une autre histoire).
Pas qu'ils aient envie de nous laisser, hein. Mais on les retient pas.

Ensuite il y a cet épisode un peu bouffon de la crise qui vient d'arriver à mon amie Marianna. Et un peu à moi, par ricochet.
Marianna vit à Copenhague. Elle a prévu de venir à Paris pour mon anniversaire - bientôt fêté.
Comme elle rencontre des problèmes de trésorerie (pour être honnête, je n'ai jamais exactement compris de quoi elle vit), et comme je suis bonne âme, je lui ai avancé les sous pour son billet d'avion.
De cette astucieuse façon, elle a bénéficié d'un tarif défiant toute concurrence auprès d'une compagnie danoise, Sterling (j'en vois qui bâillent, là-bas).
Jusque là rien de spécial. 210 € débités, ok.

Et puis aujourd'hui, Marianna m'interpelle sur mon messenger préféré.
Je me contenterai de citer sobrement le dialogue :
"Marianna dit :
hi sweetheart
Marianna dit :
i have a piece of news for you
Marianna dit :
before we go any further, obviously i'll repay you without a question
Marianna dit :
but you might want to contact your bank asap
Frederic's life dit :
why that ?
Marianna dit :
because the company with which you bought my ticket
Marianna dit :
just went bankrupt
Frederic's life dit :
ho fuck
Marianna dit :
without further due
Marianna dit :
aha
Marianna dit :
part of the global 'warming*
Marianna dit :
it's all going to shit
Marianna dit :
they just went down over night"

Et hop.

Wednesday, October 8, 2008

la Krise - 2

Bien. Lundi noir est venu, d'autres journées sombres sont à prévoir, et chez nous, après avoir fébrilement travaillé sur les budgets (enfin, c'est au-dessus de moi que ça a travaillé sur les budgets), on attend fébrilement qu'au-dessus-d'au-dessus-d'au-dessus réponde "ok, vous pouvez avoir ça".

"Ca" n'est d'ailleurs pas aussi pire qu'on pouvait le craindre d'ailleurs, même si pas folichon. Mais on se doute qu'au-dessus-d'au-dessus-d'au-dessus ils écoutent France Info, et que donc il savent que "les marchés sont en plein doute", et donc qu'ils sont susceptibles de revoir tout ça à la baisse si l'odeur de cramé se fait trop forte.

Prétérition : inutile de résumer ce que tout le monde sait et lit - la crise financière provoque la crise économique, ou l'inverse, l'Europe est unie dans la réponse dispersée, de toutes façons le plan Paulson ne règlera rien mais ce serait pire si il n'avait pas été voté, l'état garantit que pas un centime des épargnants ne sera perdu, mais à concurrence de 70 000 €...

Je pense qu'en regardant un peu les choses en face, on est dans la merde : la finance se casse la gueule. L'économie se casse la gueule. Qui est la poule ? qui est l'oeuf ? qui est le coq ? peut importe maintenant.

Et puis il y a la dramatisation à outrance sur le thème du "système devenu fou" qui aurait été monté de toutes pièces ces dernières années par des financiers irresponsables, des "déviances" qui caractériseraient le capitalisme financier de notre siècle encore neuf, bref, une anomalie, alors que.
Mais laissons là ce débat sur la crise incident ou fonctionnement normal d'une économie capitaliste.


Car il y a bien plus intéressant que des journalistes diabolisant soudain un système qu'il y a encore un mois tout le monde jugeait le moins pire qui soit.


Il y a le quidam.



Hier, dans "C dans l'air", dont le sujet principal était : "crise financière, à qui la faute ?", un reportages, supposé être tourné du côté des victimes, a donné involontairement un élément de réponse à cette question.
Les victimes en question étaient un groupe de petits vieux, qui avaient placé en commun une partie de leurs économies, pour la menue somme de 150 000 €.
Comme tous les "petits épargnants", ils n'avaient plus que leurs yeux pour pleurer.
Et ces braves gens d'expliquer candidement : "pourtant à un moment on avait fait + 60 %".
Et là.
Là.
Personne ne relève - ni pendant le reportage, ni après.
Mais ces "+ 60 %", braves gens petits épargnants méritants retraités, qu'est-ce que c'est sinon de la spéculation sauvage ?
Qui trime pour que ces vieux macaques en mal de parties de bridge "fassent + 60 %" ?
Et pourquoi n'ont-ils pas arrêté là ? combien de plus pensaient-elles soutirer aux victimes de leurs investissements tatillons, ces vieilles sangsues édentées ?




D'autres quidams m'intéressent. Les bonnes gens qui s'offusquent à l'idée que des milliards d'euros soient déboursés pour sauver des établissements financiers, pendant que "ils" ont joué avec "nos" sous et que "ils" s'en mettront une fois de plus plein la poche.
A lire les comments qui pullulent à chaque article sur la Krise, on pourrait croire que l'Etat va directement bourrer les poches de messieurs à chapeau claque et à gros cigares.
C'est un peu plus compliqué que ça.
Ceux qui devaient gagner beaucoup d'argent l'ont déjà gagné...

Je ne sais pas trop quel mythe est en train de s'effondrer présentement. Mais visiblement, il y en a un qui ne s'effondre pas : c'est celui qui nous fait croire qu'on peut à la fois gagner 60 % en bourse et avoir un pouvoir d'achat en constante augmentation - celui qui nous fait croire que les intérêts de l'actionnaire et du salarié vont dans le même sens, que toute contradiction n'est qu'un malentendu - et cette schizophrénie qui nous pousse à tirer en même temps les deux bouts d'une même corde.

Wednesday, October 1, 2008

Dazibao et la Crise Internationale 1

Bien. Me voilà de retour en France depuis 10 jours. Et depuis 10 jours, vous le savez, c'est la Crise Internationale, 1929 et 1973 réunis, l'effondrement des marchés boursiers, le crack de l'immobilier, l'absence de liquidités, l'explosion du risque post-titrisation disséminé dans tout l'échosystème, le retour du chômage, la vie chère, le ralentissement de l'économie, les déclarations optimistes de Christine Lagarde, la faiblesse des investissements, la mauvaise tenue de la balance du commerce extérieur, la récession, la stagflation, et peut-être bientôt la déflation, la chute de l'indice de confiance des industriels allemands, du moral des ménages, et l'absence pour tous et tout de perspectives réjouissantes à court et à moyen terme.

Comme je suis d'un naturel pessimiste, quelque chose me dit que ce voyage là durera un peu plus longtemps que celui de Bosnie pour lequel j'ai ouvert le blog initialement.
Mais ils ont un point commun : il est impossible, à l'heure où il ne fait que commencer (car il ne fait que commencer) de prévoir où il me mènera.
Mais ils ont une différence : ce n'est pas que moi qu'il mène, mais environ toute l'humanité.
Mais ils ont un point commun : j'ai le nez collé au hublot. Actions, obligations, OPCVM, contrats d'assurance vie, de capitalisation, Unités de Comptes, fonds généraux, budgets, productivité, retour sur investissement, recrutements, sont mon quotidien. Je travaille dans la machine.

Trace je vais donc ici garder de ce voyage.

Et je vais tâcher d'en décrire les étapes. La première ayant été la prise de conscience que l'embarquement a pris effet un certain lundi 15 septembre, dans une rue de New-York qui abritait (si on peut dire) Lehman Brothers.
Bientôt disponible bientôt : les photos du drame, prises par l'ami Jérémie, qui, hasard ou coïncidence, parcourait cette rue justement ce jour là.
(Depuis d'ailleurs je lui ai formellement interdit de se promener rue d'Antin. Pour ceux qui se demanderaient pourquoi, c'est le siège de mon employeur).