Bien. Lundi noir est venu, d'autres journées sombres sont à prévoir, et chez nous, après avoir fébrilement travaillé sur les budgets (enfin, c'est au-dessus de moi que ça a travaillé sur les budgets), on attend fébrilement qu'au-dessus-d'au-dessus-d'au-dessus réponde "ok, vous pouvez avoir ça".
"Ca" n'est d'ailleurs pas aussi pire qu'on pouvait le craindre d'ailleurs, même si pas folichon. Mais on se doute qu'au-dessus-d'au-dessus-d'au-dessus ils écoutent France Info, et que donc il savent que "les marchés sont en plein doute", et donc qu'ils sont susceptibles de revoir tout ça à la baisse si l'odeur de cramé se fait trop forte.
Prétérition : inutile de résumer ce que tout le monde sait et lit - la crise financière provoque la crise économique, ou l'inverse, l'Europe est unie dans la réponse dispersée, de toutes façons le plan Paulson ne règlera rien mais ce serait pire si il n'avait pas été voté, l'état garantit que pas un centime des épargnants ne sera perdu, mais à concurrence de 70 000 €...
Je pense qu'en regardant un peu les choses en face, on est dans la merde : la finance se casse la gueule. L'économie se casse la gueule. Qui est la poule ? qui est l'oeuf ? qui est le coq ? peut importe maintenant.
Et puis il y a la dramatisation à outrance sur le thème du "système devenu fou" qui aurait été monté de toutes pièces ces dernières années par des financiers irresponsables, des "déviances" qui caractériseraient le capitalisme financier de notre siècle encore neuf, bref, une anomalie, alors que.
Mais laissons là ce débat sur la crise incident ou fonctionnement normal d'une économie capitaliste.
Car il y a bien plus intéressant que des journalistes diabolisant soudain un système qu'il y a encore un mois tout le monde jugeait le moins pire qui soit.
Il y a le quidam.
Hier, dans "C dans l'air", dont le sujet principal était : "crise financière, à qui la faute ?", un reportages, supposé être tourné du côté des victimes, a donné involontairement un élément de réponse à cette question.
Les victimes en question étaient un groupe de petits vieux, qui avaient placé en commun une partie de leurs économies, pour la menue somme de 150 000 €.
Comme tous les "petits épargnants", ils n'avaient plus que leurs yeux pour pleurer.
Et ces braves gens d'expliquer candidement : "pourtant à un moment on avait fait + 60 %".
Et là.
Là.
Personne ne relève - ni pendant le reportage, ni après.
Mais ces "+ 60 %", braves gens petits épargnants méritants retraités, qu'est-ce que c'est sinon de la spéculation sauvage ?
Qui trime pour que ces vieux macaques en mal de parties de bridge "fassent + 60 %" ?
Et pourquoi n'ont-ils pas arrêté là ? combien de plus pensaient-elles soutirer aux victimes de leurs investissements tatillons, ces vieilles sangsues édentées ?
D'autres quidams m'intéressent. Les bonnes gens qui s'offusquent à l'idée que des milliards d'euros soient déboursés pour sauver des établissements financiers, pendant que "ils" ont joué avec "nos" sous et que "ils" s'en mettront une fois de plus plein la poche.
A lire les comments qui pullulent à chaque article sur la Krise, on pourrait croire que l'Etat va directement bourrer les poches de messieurs à chapeau claque et à gros cigares.
C'est un peu plus compliqué que ça.
Ceux qui devaient gagner beaucoup d'argent l'ont déjà gagné...
Je ne sais pas trop quel mythe est en train de s'effondrer présentement. Mais visiblement, il y en a un qui ne s'effondre pas : c'est celui qui nous fait croire qu'on peut à la fois gagner 60 % en bourse et avoir un pouvoir d'achat en constante augmentation - celui qui nous fait croire que les intérêts de l'actionnaire et du salarié vont dans le même sens, que toute contradiction n'est qu'un malentendu - et cette schizophrénie qui nous pousse à tirer en même temps les deux bouts d'une même corde.
Tom Waits : Hold On
2 years ago
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